Transports et logistique : un tsunami sur les prix !

Le marché mondial du transport maritime est secoué par de très fortes augmentations de prix des containers et par de graves problèmes de logistique liés aux conséquences de la pandémie de Covid-19. Le groupe Barthe, comme tous les acteurs économiques, en subit les conséquences et s’adapte autant que possible.

Des chaînes d’approvisionnement bouleversées, des pénuries de dockers et de conteneurs, des prix qui montent en flèche et une demande mondiale en plein rebond : le transport maritime international fait face actuellement à une tempête logistique et tarifaire. La forte reprise économique qui a suivi la crise du Covid a provoqué une envolée du volume de marchandises livrées par cargos de l’Asie vers l’Europe et les Etats-Unis. « Il est très difficile d’obtenir des disponibilités sur les conteneurs », indique Julien Ségura, directeur général adjoint du groupe Barthe. « Beaucoup de ports fonctionnent au ralenti en raison d’un manque de dockers suite au Covid. Cela engendre des temps d’attente plus longs pour le déchargement des bateaux, et des pénuries de conteneurs. Certaines compagnies maritimes ont cessé de desservir certaines destinations, comme au Chili ou en Argentine, et tous les transporteurs font pression sur les prix. La location totale d’un conteneur spécial, dont la qualité est apte au transport de barriques, atteint environ 8 500 € pour l’Argentine, et plus de 10 000 € pour l’Australie. Mais la qualité de transport des barriques n’a pas été dégradée », explique Christelle Vrignaud, adjointe de direction et responsable du service transport à la tonnellerie Boutes.

« Le marché en est arrivé à des envolées de prix hallucinantes, avec par exemple un bond de 125% pour le prix du container vers la Nouvelle-Zélande, et de 115% pour l’Australie depuis 2020, précise Julien Ségura. Et nous avons du mal à avoir de la visibilité sur l’évolution des prix. Nous sommes cependant parvenus à avoir des engagements de certains transporteurs sur des prix valables pendant plus de trois mois sur ces deux destinations ».

« Habituellement, nous avons des prix valables pendant plusieurs mois. Depuis le Covid, ce n’est plus le cas. Des compagnies se sont engagées sur des prix jusqu’à la fin de l’année, mais sur certaines destinations, la visibilité est très courte », constate Christelle Vrignaud. La responsable transports travaille avec Röhlig, un transitaire, une entreprise spécialisée dans la logistique maritime et aérienne. « Nous sommes en relation avec les compagnies pour conclure des contrats sur les prix, les places disponibles sur les cargos et les délais, explique Gilles Fagola, responsable de l’agence Röhlig près de Bordeaux. Les négociations avec les transporteurs sont très tendues, elles sont presque impossibles. Les volumes de marchandises expédiées par cargo ont quadruplé. Les taux de fret, les frais de base pour le transport de containers d’un port A à un port B, ont été multipliés également par 4 en moyenne, par 6 vers l’Asie ».

Ces flambées de prix s’accompagnent d’un rallongement des durées d’acheminement. « Les délais ont augmenté de trois semaines à un mois vers les Etats-Unis. Vers la Nouvelle-Zélande, une livraison nécessite habituellement 50 à 55 jours. Il faut désormais compter 30 jours supplémentaires de voyage. Pour nos livraisons en Australie, nous avons mis en place des transbordements de stocks de barriques du bateau à destination de la Nouvelle-Zélande pour optimiser les délais », souligne Christelle Vrignaud.

« Les délais ont pris ensuite 5 à 6 semaines de retard vers l’Océanie, avec un transbordement en Asie », poursuit Gilles Fagola. « Ces délais plus longs bouleversent notre façon de travailler, ils nous contraignent à revoir notre organisation logistique, commerciale et au niveau de la production de barriques », relève Christelle Vrignaud.

« Pour faire face à ces retards de livraisons, nous avons sensibilisé nos clients à l’export sur la nécessité d’anticiper très tôt leurs besoins. Et ils ont joué le jeu. Ils ont compris notre demande, la filière viti-vinicole mondiale subit aussi ces difficultés pour les exportations de vins. Fin août, nous avions déjà reçu de nombreuses commandes d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Dès juillet, certains clients souhaitaient connaître nos conditions tarifaires alors qu’habituellement les demandes se font vers octobre », explique Julien Ségura.

 

UNE FACTURATION TRANSPARENTE
Il n’existe pas d’alternative possible au transport de barriques par bateau pour les marchés des hémisphères nord et sud. « Par avion, les prix seraient encore plus élevés et la capacité de transport en volume serait insuffisante », confie Christelle Vrignaud. « Nos exportations représentent 80% de notre chiffre d’affaires. Face à cette situation sans précédent et ces prix qui explosent, nous avons dû répercuter cette hausse du coût de transport à nos clients, car nous la subissons totalement déclare Julien Ségura. Entre 2020 et 2021, pour l’Australie, le coût du transport par barrique 225 L a augmenté de plus de 36 euros. Nous sommes transparents avec nos clients : ce surcoût exceptionnel du transport est mentionné explicitement sur notre facturation et nous ne prenons pas de marge dessus. Cette hausse de prix pour le transport sera supprimée lorsque le marché reviendra à des niveaux de prix ‘normaux’. ».